Le temps libre était un luxe, et le luxe devait être mérité. Une rigueur qu'elle s'impose, Romane, qu'elle présente comme une volonté ferme de bien faire, un sérieux dans son travail, des élans perfectionnistes qu'il faut admirer. Pourtant, tu sais, tout ceci n'est rien de plus qu'un reste de son autre vie. Les habitudes ont la peau dure, Keith. On a beau ne plus avoir de chaîne autour du cou, les réflexes restes. Elle se déteste Romane, quand elle constate qu'ils ont réussi à si bien la dresser qu'elle en garde des séquelles. Elle se déteste Romane, quand elle comprend que rien n'a vraiment changé, que d'elle-même, elle perfectionne l'éducation que les maîtres lui ont laissée. Alors elle travestit tous ces petits riens en des qualités venues de nulle part. Elle se trompe elle-même, pense tromper son monde alors qu'elle ne trompe personne.

C'est la raison pour laquelle ses visites se font parfois longues à venir. Elle a le besoin horrible de se sentir légitime, Romane, de se sentir le droit de s'accorder ce temps, ce luxe, ces plaisirs qu'on lui a toujours interdits. Mais après autant d'heures à accomplir ses devoirs elle ne rêve que de tes mains. Pour dénouer ses muscles, apaiser la tension qui le tord, encore. Sa toute première venue était un caprice. Elle voulait goûter à toutes les expériences des femmes libres. Elle voulait posséder, se faire chouchouter, goûter à tous ces plaisirs qu'elle n'avait pu qu'observer, docile, fragile, dans un coin des couloirs où on la traînait. Sa première venue, ça avait été aussi terrifiant, tu sais. Se rendre compte que pour avoir tes services, c'était sa peau nue qu'elle devait t'offrir. Qu'elle devrait te montrer tout ce qui s'y cache, tout ce qui y était gravé et marqué. Le tatouage en forme de pique, les marques rouges du fouet. C'est son ego qui en avait pris un coup, sa fierté qui avait été violée. Se dévoiler avait été un combat, Keith, mais tu avais su la mettre à l'aise, en confiance, et à chacune de ses visites, Romane s'était découverte un peu plus. Aujourd'hui, elle n'était plus pudique, Romane. Si elle avait conscience du chemin parcouru sans doute aurait-elle été fière, mais tu la connais, si elle reconnaît sans peine ses échecs, elle ne sait pas valoriser pleinement ses victoires, Romane.

« Je sais Keith, cela fait longtemps. Mais, que veux-tu, le travail n'en finissait pas ! »

Mensonge, c'est elle qui a choisi que le labeur n'aille pas de fin. Besoin de se ruiner pour se sentir méritante, Romane. Elle est comme ça, ce sont des symptômes dont elle ne guérira probablement jamais.

Et elle passe la porte, fait tomber sa veste, elle découvre avec plaisir qu'elle n'aura pas à attendre bien longtemps avant de pouvoir soupirer d'aise entre tes doigts de fée. Tant mieux. Romane s'inflige beaucoup, mais quand elle veut, la patience lui fait souvent défaut.

« Je me porte comme un charme, la routine à quelque chose de bon. Et toi, comment-te portes-tu ? »

Déboutonne sans pudeur son chemisier. Le rituel est depuis longtemps rodé entre vous. Tu sais où appuyer et elle n'aime pas se répéter, Romane.

« Tes affaires tournent bien ? Depuis la disparition de ce chère Time, j'imagine qu'ils sont nombreux à chercher à se détendre. »

Ils doivent nombreux (et nombreux) à réclamer tes soins. Jalouse, Romane, d'imaginer tous ces opportunistes frapper à ta porte pour recevoir de quoi oublier ce que certains fous qualifient de prémices à la fin du monde. Elle imagine, oui, qu'ils doivent vouloir protéger leurs petites vies bien propres, bien simples. La disparition de Time fait partie de ces bouleversements qui ont tendance à faire paniquer les gens. Ils se rendent compte, tous, que la vie n'est qu'un assemblage fragile et qu'un rien, un simple petit rien, peut venir tout renverser du jour au lendemain. Elle a conscience de cette réalité depuis bien longtemps Romane. Time est parti, mais ça ne change rien. Retomber sur ses pattes, assurer ses arrières, plutôt que de venir pleurer dans tes bras ces petites choses passives et fragiles feraient mieux de s'activer. Comme-ci tu pouvais régler leur problème, Keith. Elle trouve ça ridicule, Romane, que personne ne comprenne qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même.

« Hmmmm tu sais que ce dossier est confidentiel. »

Mais elle sourit à la tentative et, de toute façon, tu as vu juste. Tout le monde s'active, tout le monde s'agite. Time est une poule aux œufs d'or et tous veulent en avoir la garde exclusive. Le temps ? Te rends-tu compte, Keith ? Romane y voit une arme, un allié de poids. Que tous lutte pour s'attirer ses faveurs et le faire sien n'a rien d'incroyable. Elle se demande bien pourquoi les gens craignent la folie qui en émane. C'était couru d'avance, pourtant. Et alors qu'elle fait tomber les dernières couches de tissu pour venir prendre place et s’allonger comme à son habitude, elle soupire déjà d'aise, Romane.

« Est-ce que ça t'inquiète ? »

Alors qu'elle pose la tête sagement contre ses bras et agite, taquine, ses pieds. Impatiente que tu la touches, que tu viennes faire opérer ta magie, Keith.

« Je me demande... Est-ce si grave que le Temps soit parti en vacances ? »

Après tout, le jour se lève, la nuit se couche. Et quand bien même ce ne serait plus le cas, Romane pense qu'on peut s'adapter à tout. Un peu de rigueur et de volonté et tout, même l’insupportable, deviennent un quotidien acceptable. Si demain Crims devait devenir une nouvelle Halloween City ce ne serait qu'une nouvelle contrariété à assimiler. Et si tout devait s'arrêter, eh bien, on pourrait toujours décider par nous-mêmes de ce que sont les secondes, les heures, les jours, les mois et les années. On n'a jamais eu besoin de Time, en vérité. On se suffit à nous-mêmes, Keith. On choisit de donner, de prendre. On pourrait apprendre tous ensemble, oui, à se passer de tout, même du temps.

Et quand tes yeux se posent sur sa peau elle oublie bien vite l’inquiétude ambiante. Un sourire fier qui point sur ses lèvres. Sa peau est zébrée, Keith, mais les cicatrices qu'elle a choisi de s'infliger sont celles qui la font rougir de plaisir, tu sais ? Contrairement aux autres... Celles qu'on a subies, celles qui sont témoignages de faiblesse alors qu'on est si forte aujourd'hui.

« Hm, celles-ci ? Une interpellation un peu musclée... Nous n'aimons pas vraiment que nos citoyens se gorgent de poudre étrangère et non de nos produits locaux. »

Bat encore des pieds, dans une posture presque enfantine.

« Tu les trouves jolies ? »

Oui. Dit lui, Keith, à quel point elles compensent la laideur du reste. À quel point elles rendent transparentes le tatouage marque de notre soumission, les coups de fouet marques de notre faiblesse. Dit nous, doux, si doux et aimé Keith, à quel point elles sont magnifiques et grandes, à quel point elles sont la preuve que plus jamais, non, plus jamais, on ne pourra redevenir celle qu'on était.

Parce que Romane n'a peur que d'une chose et ce n'est ni la mort, ni la disparition du Temps, ni même de te perdre, non. Romane a peur d'être esclave à nouveau.

Un rire léger face à ta propre désinvolture. C'est aussi quelque chose qu'elle aime chez toi. Tu sembles te foutre de tout, des gens, du monde. Tu es comme une brise, fraîche, agréable, mais inaccessible. Elle trouve presque ça poétique, Romane, voire romantique. Et ça l'intrigue, tu vois, parfois. Elle se demande ce qui peut bien se cacher sous autant de légèreté, parce que rien n'est réellement léger ici, n'est-ce pas ? Mais elle n'a jamais osé poser les questions. Jamais osé mêler plus de vérité à celle que tes mains offrent, jamais osé quémander plus que tes massages même si ton charme ne la laisse pas indifférente. Prendre ce qu'on veut prendre, mais avec les gens c'est compliqué, tu vois ? Trop sensible au concept de liberté pour imposer sa possessivité et son appétit à ceux qui peuvent ressentir. Pose sa tête sur ses bras, le sourire doux aux lèvres quand tu dis que ses cicatrices sont belles. Elle y croit, Keith, même si tu ne le penses pas. Et, ce n'est pas grave si tu mens, parce qu'elle aime l'idée d'être jolie, de l'être encore plus avec les marques gagnées en tant que femme libre et non en tant que bien.

Soupir d'aise quand tes mains lui font enfin la grâce de venir dénouer ses muscles. Sens son corps se détendre et fondre à mesure que tu fais ce que tu sais faire de mieux. Ferme les yeux, à cesser d'avoir peur de s'abandonner avec toi depuis belles lurettes déjà.

« Disons que notre Reine est très attachée au concept de patriotisme... Un concept un peu poussé à l'extrême, il est vrai. »

Mais c'est tout de même elle qui nous a libérés, Keith. Qu'on la nomme tyran ne change rien au fait qu'on lui doit le temps qu'on passe ensemble. Elle a cessé depuis longtemps d'essayer de convaincre les septiques de Juliette. Une dette est une dette. Aussi rouge soit ses mains, ce sont aussi celles qui ont eu la bonté d'ôter des chaînes que ni Benvolio, ni aucun de ses propriétaires n'a essayé de briser. Romane a été aimé par certains de ses maîtres, mais qu'importe l'amour, elle restait leur chose, leur bien. Elle n'était pas elle, elle n'était pas aimée en tant que Romane. Elle se demande si tu pourrais comprendre, Keith ? C'est aussi pour ça qu'elle a été ivre d'amour et de plaisirs charnels au début. Se faire aimer, prendre du plaisir pas parce qu'on le doit, mais parce qu'on en a envie. La libération que ça a été d'être une femme et non une chose, d'être aimé en tant que personne et non en tant que fonction ou objet.

« Tu ne l'aimes pas beaucoup, n'est-ce pas... D'ailleurs, je ne sais pas vraiment ce que tu aimes, Keith. »

Presque un ton triste dans la voix.

« Je me mets littéralement à nu devant toi depuis longtemps, tu ne voudrais pas me faire la grâce de quelques confessions ? »

Tourne la tête vers toi, le sourire léger, quoiqu'un peu joueur.
C'est qu'on a envie de t'entendre à défaut de te faire crier.

Et tes mains se crispent. Elle sent, Romane, la raideur soudaine qui s'empare de toi. Aurait-on touché un point sensible, Keith ? Aurait-on malgré nous mis le doigt là où il ne fallait pas ? Elle reconnaît suffisamment les mensonges pour savoir que ton sourire cache quelque chose. Tu prends sur toi. Tu veux passer sous silence une vérité troublante. Pourquoi, Keith ? Qu'est-ce que tu peux cacher de si terrible ? Qu'est-ce que tu peux cacher qui pourrait la choquer ? Elle en a pourtant vu des choses terribles, Keith. Tu connais son histoire, tu sais mieux que beaucoup de gens que la dureté du monde n'est pas ce qui l'arrête. Oui, ton refus ne fait qu'attiser son envie de savoir. Qu'est-ce que tu as bien pu faire dans ta vie, Keith, pour mentir aussi maladroitement ?

— Qu'est-ce qui te fait dire que ça ne m’intéressera pas ?

Se permet de tourner légèrement la tête et de se redresser sur son coude pour venir capter ton regard. Aucune gène contre à la nudité de son corps ou la vision de sa poitrine qu'elle t'offre. Romane qui ne fait plus attention à ce genre de détail avec toi, surtout quand la conversation titille à ce point sa curiosité.

— Je suis au contraire très curieuse. Et pour être franche, que ton histoire soit faite de rebondissements incroyables ou d'un quotidien plan-plan ça n'a pas d'importance. Il y a du bon, tu sais, à entendre parler de quotidien et de normalité quand on n'a pas trop connu la stabilité.

Un sourire ravageur. Oui. Qu'est-ce que tu caches, Keith ?

— À moins que tu ne penses que je ne sois pas en mesure d'encaisser ton passé et auquel cas... Keith, mon sucre d'orge, aurais-je donc à ce point parlé dans le vide ces derniers mois ?

Plaisir coupable de te voir céder. Tu sais, si tu ne le veux vraiment pas elle n'ira pas insister, Romane. Respectes en plus de bien d'autre chose le droit au silence. Elle titille pour voir ce qu'elle peut prendre, car gratter la surface n'est souvent qu'une demi-mesure stérile et sans influence. Elle se permet de forcer la poignée pour voir si la porte est branlante ou solidement fermée. En fonction de ce que tu diras, elle retournera à l'appréciation de tes messages et à ses racontars habituels. En fonction de ce que tu diras, elle se fera oreille attentive, précieuse, gorgée de reconnaissance et de fierté d'avoir accès à ce qui avait été jusque-là caché.

Et tu décides de laisser la porte ouverte. Tu ne dis pas non, Keith, tu dis peut-être, à condition. Elle acceptera toutes tes règles, tu sais. Aucun problème à construire des cadres stricts, Romane, aucun problème à suivre ceux des autres. Une habitude héritée des années enchaînées.

« Je ne dirai rien, Keith. Tout restera entre nous. »

Du premier jusqu'au dernier mot. Non pas qu'elle veut te forcer la main, mais tout de même heureuse de voir sa curiosité satisfaite, de voir que la réciprocité existe entre vous. Car elle a horreur de donner sans recevoir, Romane, comme a horreur de recevoir sans jamais rendre la pareille ensuite. Alors elle se fait sage, attentive. Prête à cueillir chacun de tes secrets pour les faire siens. C'est le moins qu'elle puisse faire, Keith. Et elle te le promet, aussi prétentieux que ce soi, qu'elle ne te jugera pas. Après tout, de vous deux, c'est sûrement elle qui a le plus de sang sur les mains.

« Ne te force pas, en revanche. Je ne veux pas que tu parles sous la contrainte, je veux que tu parles parce que tu penses que c'est une bonne chose. »

Il y a des mots qui forcent votre écoute, votre attention. Il y a des mots qui résonnent en vous plus fort que d'autres. Des mots qui font tilt, allument une petite flamme, viennent perturber le corps et l'esprit. Priver. Liberté. Voilà qu'elle se retrouve entièrement concentrée sur toi, ton récit. Les échos de ses propres traumatismes. Est-ce que toi aussi... À légèrement honte de caresser l'espoir que tu sois un ancien esclave, que les chaînes de l’asservissement vous soient communes. Quel lien cela créerait entre nous, Keith, de partager ce même fardeau ? Mais il n'en est rien n'est-ce pas ? Car bien vite, tu te reprends, confus.

Et dans tes balbutiements maladroits elle comprend que tu parles d'une sensation plus que d'un fait. Tu n'as pas connu le poids du fer à tes chevilles, mais tu as connu le poids des chaînes sur le cœur. Et elle te trouve adorable de te confondre en excuse alors que c'est elle qui a forcé ce premier pas. Un léger sourire quand elle vient imposer sa main sur la tienne. Nul besoin de t'excuser, Keith, car il n'y a pas d'impair. Elle veut bien croire que tes traumatismes sont aussi terribles que les siens. Elle veut bien comprendre que ce sont des choses qui ne sont pas comparables, mais ont un point commun : celui d'avoir détruit et de détruire encore. Elle ne veut pas hiérarchiser vos détresses respectives, Keith. Ce serait devenir un maître, ce serait adopté les mêmes réflexes que ceux qu'elle déteste.

« Ne t'excuse pas, tu n'as rien fait de mal. »

N'accorde pas ton pardon comme tu accordes tes massages, Keith. C'est si précieux, cette fierté. Ne te fait pas tapis, Keith. Ne te fais pas esclave alors qu'on est enfin libre, Keith. Libre de s'excuser quand il y a de vraies raisons. Et plus doucement encore.

« Raconte-moi. »

Et tu dresses le portrait du gamin qu'on a abusé, qu'on a manipulé. Tu dresses le portrait de celui qu'on a appâté par la confiance, la gentillesse, la douceur, pour endormir tout ce qui bouscule, fait peur, alerte. Le geôlier est toujours bon, les premiers temps. Rien de plus efficace que d'amadouer pour ensuite battre. Une caresse puis une gifle, un mot d'amour puis une insulte. Une danse dont on ne ressort jamais indemne puisqu'on finit par s'y perdre. Et elle sait, Romane, qu'aussi évident que ce soit pour les autres, pour vous s’échapper n'est pas une option. Les bourreaux ne se contentent pas de vous soumettre, ils vous éduquent. Vous éduquent à accepter, voir à aimer l'inexcusable. On admet n'être rien. On accepte de l'être. Tant et si bien que quand on en sort enfin, ce n'est pas que de la haine pour eux que a, mais aussi de la haine pour nous. Une culpabilité sourde qui pourrit tout. Parce qu'on n'a pas été assez intelligent, pas assez fort, pas assez grand. Et subsiste éternellement le doute quant au fait qu'on pourrait peut-être y retourner, redevenir ce rien d'autrefois. Ils nous ont si bien éduqués, Keith, qu'on se dit à chaque obstacle "j'ai été ce genre de personne une fois... Alors pourquoi pas une seconde ?" et c'est ce doute, Keith. Non, cette certitude. Qui fait qu'on rechute. Et c'est face à cette certitude, Keith, qui faut qu'on lutte.

« Tu aurais pu, tu aurais dû, mais ce n'est pas aussi simple. Ces gens savent très bien ce qu'ils font, crois-moi. »

Oui. Ils imposent leur marque si profondément que même libre, on continue de vivre dans la peur, Keith. On se saigne, s'épuise, à devenir cette personne forte qui ne chutera plus, cette personne qui pourra bâtir quelque chose de stable et de bien, à l'image de n'importe qui. Tout en ayant cette voix dans un coin du crâne qui nous chante qu'on échouera. Parce qu'on sait ce qu'on est ou du moins, on a encore ancré en nous l'image qu'ont sculptée nos bourreaux. Faible, indigne, illégitime, toxique, dangereux. Jamais rien de stable. Jamais rien qui ne durera dans le temps. Nous sommes des monstres aux doux visages destinés à la déception, à la faire subir aux autres, parce qu'on n'est rien d'autre que des sous personnes qui ne méritent pas le bonheur, qui ne sauront jamais en profiter. On a gravé en nous les plus immondes des insécurités. Et on se bat pourtant Keith. Par fierté. Par désir de revanche peut-être. De nous prouver, de leur prouver, qu'on n'est pas des fous dangereux. Qu'on peut aussi bâtir des choses saines. Qu'on peut être, tout comme vous, capable d'être qualifié de gens bien. Qu'on peut être grands, puissants, admirables. Qu'on peut mériter de ne plus être seul, qu'on peut mériter l'amour de quelqu'un et l'absence de peur que tout s'écroule un jour parce qu'on n'est pas assez bien, stable.

« Tu n'es pas responsable. Ils nous ont éduqués, Keith. Tu n'as peut-être pas porté la chaîne, mais tu as subi le même processus. La manipulation te pousse à te croire fautif alors que tu es victime dans cette histoire, pas bourreau. C'est comme ça qu'ils fonctionnent. Ce sont leurs méthodes. Pour que même dans la possibilité où tu t’enfuirais, tu ne puisses pas vivre normalement. Ils nous ont façonnés pour qu'on se sente abjecte. Mais on vaut mieux que ça. Et la plus belle revanche que tu peux leur offrir, c'est de te prouver que tu peux avoir la vie que tu veux. »