On a pas vraiment idée que de nous inviter. Enfin peut-on vraiment ne pas le faire ? Non.

Tout juste arrivé de Dreamland, avec Daphnis bien entendu, veste de costume rouge parfaitement sortie, donc les intérieurs dorés ne font que définir un peu plus nos traits, pantalon noir saillant, une boucle d’oreille pendante dorée orné d’un délicat rubis sur notre gauche, un simple anneau sur la droite, des chaussures rouge bordeaux, assorties de leurs lacets d’or, on est qu’invité mais on a bien prévu de briller. La Belgrade Touch.

Passons nous d’abord autour d’Absinthe, sourire doux à nos lèvres.

« Vous êtes comme toujours superbe très chère, je vous volerai une danse plus tard. Et si je l’ai pas ici, je viendrais la chercher au Glasshopper »

Un sourire amusé, un clin d’œil, on l’aime bien Absinthe.

Ouvre nos bras, tel chanteur d’opéra, alors qu’à grandes, vives et joviales enjambés, notre corps se glisse vers  la Reine de rouge vêtue, ne laisse ni le choix, ni le temps, de notre sourire parfaitement arboré, de notre confiance en nous-même exacerbée, de notre charisme prêt à exploser. Frôlent nos joues des siennes, bruits de nos lèvres dans l’air.

Oui. On vient de taper notre meilleure bise, à la Reine Rouge elle-même.

Et Non. Ce n’est ni la première et encore moins la dernière fois que cela arrive.

Un truc d’Alice français, tout à fait incongru, mais d’une classe qui ne peut que marier notre élégance. Si les autres avaient eu le vain espoir de voir en nous une once de discrétion, c’était fort mal nous connaitre quand la once de notre discrétion, soit la réflexion miroiresque même de notre secrétaire, gentiment resté, le postérieur bien au chaud à la mairie, était loin. Très loin. Bien aux antipodes de notre défunt père que nous étions. Loin de sa rudesse, de sa discrétion et de sa retenue. On ne gagne rien à être austère.

« Juliette ! Mais quelle robe, quelle élégance, si époustouflante, je n’en attendais pas moins mais je vous avoue que j’adore à admirer votre beauté. »

Détaille la robe pendant qu’on te sourit Juliette, on te fait ce petit sourire charmeur, celui des innocents, alors qu’on continue, baise délicatement ta main.

« Je ne saurais exprimer ma gratitude pour cette invitation, tout est à votre hauteur, incroyable. »

Enfin on se retiendra de dire que nous risquions de passer un heureux moment à jaser avec ce cher Daphnis, réelle commère de toute cette fantaisiste soirée. Légère courbette, alors que notre regard se pose sur Elias. Oh mon jeune ami, tout le monde va y passer.

« Elias ! Autre joie que de vous revoir, vous semblez avoir un nouvel apparat, un cadeau de notre tendre Juliette j’imagine. Que de gout, que de gout, il faudra que vous partagions un verre, ou peut-être quatre. Vous avez pris du muscle non ? C'est pour plaire à notre belle Reine je présume. »

Esthef Belgrade, notre nom. Aussi nommé par les Badots comme Le Saint Patrons des Alcooliques Heureux. Meilleur endroit pour boire que Neverland. Clin d’œil vers ce cher Jabberwocky, oh toi mon mignon, tu rends visite à Susan, on le sait et on finira bien par découvrir pourquoi. Laisse notre attention, dans un sourire charmant, se diriger sur Edelweiss et son entourage.

« Edel ! »

Voix chantante alors qu’on baise sa main à Edelweiss dans un geste vif, joie et volupté dans notre voix quand nous ne sommes que serpent en vérité. En attendant on nous donnerait le bon Dieu sans confession.

« Je vous aurai bien fait la bise, my lady, Mais je n’ai point mon habituel escabeau. Vous avez une mine radieuse, Juliette a toujours eu bon gout pour les invitations. »

Oui Darling un escabeau, parce que faire la bise à la Reine Blanche ce n’est pas à la portée du premier froussard et que c’est devenu une petite blague. Est-ce qu’on est … ? Oui Insupportable. Peut-être un peu. Mais on transpire la joie de vivre. Laissez nous au moins ça. Cet extravagance c’est quand même du sur mesure comme partition. Et puis on détends l’atmosphère ! Ou pas. Tout n'est que représentation, alors qu'au est bien plus intelligent que tout ce foutre jeu qu'on se complait à leur présenter à tous.

« Et si vous n’êtes pas accompagné du beau Romeo, vous avez une mine incroyable mon cher, le soleil du Mont Milkimalya j’eusse oser deviner. »

Tournons vers Opal.

« Opal, toujours un pur bonheur de vous retrouver, nos tea party commencent à me manquer. A quand votre visite ? »

Tea Party où nous ne buvons que du café. Parce que Mad Hatter nous fusille, mais on a jamais été un grand amateur de thé. Bien qu’on en est toujours à proposer à nos invités. Pour un ignare, nous ne sommes rien de plus que le gentil de Maire de Neverland, ami de toutes ces belles personnes. Alors que dans le fond. La réalité avait plutôt le gout de la trahison et de l’ambition mais il eut été bien inconvenant de le notifier.

Comme on se retient de notifier, que tous les dirigeants se trouvaient dans la même pièce au même moment, laissant tout loisir aux Dark Shadows de rouler sur le premier territoire venu. Enfin pas Neverland. Earle avait pour ordre de veiller au grain, déjà qu’il n’était pas venu chauffer ses meilleures chaussures sur les carreaux de Juliette. Sacré occasion qu’on avait raté, qu’on venait de sacrifier alors qu’on aurait pu se foutre…se moquer avec allégresse de ses pas coincés, tel pangolin dansant sur la banquise.

Et Surtout qu’en dépit des apparences on ne l’aurait pas laissé. Venir. A moins que nous ne soyons devenu un bougre bien stupide. Parce que honnêtement si une attaque venait à se déclarer, Juliette serait sauvée telle princesse par son chasseur, et son Jabberwocky au même titre que la jolie petite rousse à tous les coups, n’en aurait pas grand-chose à foutre que de rouler au passage sur les invités. Dommage collatéral qu'ils invoqueraient. Edelweiss n’avait nul besoin d’avoir une écurie planquée sous la robe pour fuir, elle avait avec elle le meilleur lapin sorti du chapeau de tout Wonderland dans sa manche. Emportant Roméo avec.

Absinthe sauverait probablement sa peau, ou du moins ne risquait pas de faire barrière de son corps pour nos jolies mèches Blondes, ce qui nous laissait seul avec Daphnis, et à moins qu’il n’eut des rennes planqués sous sa cape, chose que nous doutions fortement. Nous voilà bien prestement dans une indéfectible mouise. Parce que non, notre pantalon ne permettait pas d’y glisser une épée, seulement quelques dagues, dagues qui arrachaient la peau au passage pour en avoir foutu deux, impossible de demander de l’aide, Aliocha étant on ne sait où, et il ne nous aurait pas aidé, mais au moins nous serions mort avec une belle vue de son arrière train, Charline coincée dans sa tour d’ivoire, mais clairement si elle avait été là c’est nous qui aurions fait barrière de notre corps, donc il valait mieux qu’elle n’y soit pas, Emerald et ses capacités terriblement pratique n’étaient pas non plus dans l’assistance, parce que la bienséance veut qu’on ne vient pas au bras d’une prostitué chez la Reine, Meliodas était surement à vaquer à moult occupation, Earle était à Wonderland. Oui. Tout ce qui pourrait sauver nos miches était loin.

Heureux sommes nous. Ainsi que Sarcastique.

Point de doute il allait au moins falloir mitonner un semblant de plan si cela tournait mal. Et non voler les talons de Juliette ne serait pas suffisant. Restait les dagues. Et l’espoir d’un troupeau de rennes sous la cape de Daphnis.

Résumé: