Un soupir franchit les lèvres du chasseur bien malgré lui ─ car il est des jours épuisants que l'on trouve bien long et que l'on espère terminer bien vite
(bien souvent par caprice d'un temps instable, parfois simplement une succession d'événements venant tirer bien plus ledit temps)
aujourd'hui est l'un de ces jours érintants à l'extinction se faisant attendre

Arpentant les couloirs, il pense enfin pouvoir trouver un peu de repos, songe à s'isoler pour quelques instants du monde et à se livrer à quelques activités bien cachées ─ jamais il n'en parle, aimerait dire qu'il se fiche qu'on les découvre mais une sorte de pudeur l'en empêche, alors c'est à l’abri des regards indiscrets que se dévoilent les passions secrètes
Mais même ça il ne peut y penser car voilà que tu arrives souiller sa vision par ta blancheur immaculée, par une apparence se voulant terrifiante mais dont Elias avait finit par s’accommoder ─  mais ta voix l'irrite toujours autant et ta bassesse lui fait te lancer un regard noir qu'il ne réservait qu'à toi (ou presque)

▬ Toujours d'aussi bonne humeur, à ce que je vois, Blackbird.

Ne prend même pas la peine de relever ta pique qu'il préfère simlement ignorer ─  depuis ce jour il avait perdu sa trace et c'est en vain qu'il essayait de la retrouver
Son expression reste la même lorsque tu mentionnes le Bandersnatch ; au fond, il n'avait guère besoin de te donner une réponse, puisque tu la connaissais déjà, pas vrai ?

▬ Si vous me voulez quelque chose, soyez brève, je n'ai malheureusement ni le temps ni l'envie de supporter votre voix irritante plus longtemps que nécessaire.

Il pourrait, Elias, être un peu plus bas, attaquer ton physique, mais il sait que cela ne te fera rien ─ que de toute façon, ses paroles ne te feront pas reculer et que tu continueras à le harceler jusqu'à ce que tu te lasses ; alors au moins, il te fait comprendre poliment que tu l'ennuies et qu'il apprécierait que tu disparaisses de son champ de vision.

Le rire qui se répercute sur les murs et empli les couloirs de ses sons dissonants ; c'est qu'il aimerait bien se boucher les oreilles, Elias, pour ne plus en entendre ses échos désagréables – mais il n'en fait rien et se contente de le subir

Elias n'a le désir de converser avec toi et ne l'aura sûrement jamais, toi qui ne cesse de le tourmenter dès que tu en avais l'occasion ; et il le sait, Elias, que sa seule présence suffit à t'horripiler, il le sait, Elias, que tu n'a que peu d'estime pour les entités comme lui
(et la détestation est réciproque, quoique pas tout à fait pour les mêmes raisons)

▬ Il est fort déplaisant de discuter avec vous, Blackbird, fait-il remarquer dans une honnêteté désarmante
(ne fait qu'exprimer le fond de sa pensée)

Tu reviens sur le sujet qui fâche – l'animal de compagnie de sa Majesté – et lui retient un soupire : c'est que tu étais têtue, Jubilee, lorsque tu le souhaitais ; il sait, Elias, que tu aimerait qu'il te raconte ses défaites plutôt que ses succès, ses déboires avec Balthazar plutôt que ses réussites
(mais il ne te fera pas ce plaisir, Jubilee, et tu le sais)

▬ Vous êtes bien curieuse, Blackbird. Mais, puisque vous insistez, sachez que le dressage est en bonne voie, bien qu'il faille, de temps à autre, user de la force dit-il en pointant du doigt son propre cou  (référence au collier que le sujet de conversation porte). Il a été particulièrement obéissant, d'ailleurs, aujourd'hui.

Les mots sont choisis avec précaution, sagesse même, prend délibérément les plus insultants – car il sait l'estime que tu portes à tes pairs, et il doute que tu laisses passer de telles paroles à l'encontre d'un de tes semblables
(au diable la vérité ! tout ce qui importe c'est que tu cesses de l'importuner)

▬ Peut-être devrions-nous songer à vous en mettre un, aussi ; ce sera sûrement plus efficace que les mots que vous semblez avoir du mal à comprendre.

Ponctue par une provocation, et malgré lui un très léger sourire s'esquisse sur son visage habituellement inexpressif – peut-être que l'idée de calmer tes ardeurs par la douleur le réjouissait plus qu'il ne voudrait l'avouer.

Il avait suffit de quelques mots seulement pour effacer cet horripilant sourire de tes lèvres, de quelques mots seulement pour te faire tomber de ton piédestal d'arrogance
(Elias savoure ton désarroi, se délecte de ta froide colère et de ton indignation)

Il ne peut s'empêcher un léger sourire en coin, Elias
(amer)
lorsque tu mentionnes une malencontreuse griffure ─ ah ! si tu savais, Jubilee, l'amer souvenir de la première rencontre entre lui et l'animal de la Reine ; souvenir à vif autant que sa joue ce jour-là, seule sa position avait pu le sortir de cette impasse
(mais ça, jamais, Jubilee, tu ne sauras ce qu'il s'est passé ce jour-là
jamais, Jubilee, et il s'arrangera pour que jamais tu n'apprennes ces histoires)
Chasse les pensées et voilà le sérieux qui revient

▬ Vous n'êtes pas sans savoir que si je disparais, un autre prendra ma place, n'est-ce pas ?

Et tu as dû en voir défiler, des chasseurs, Jubilee, n'est-ce pas ? Il se demande, Elias, si à chaque fois, c'était la même rengaine ─ si tu leur avait fait part de ton désamour, si tu leur avait ainsi déversé ton fiel, s'ils y avaient répliqué, aussi, ou s'ils avaient ignoré, tout simplement
(alors bien que sa perte serait regrettable, elle sera bien vite oubliée)

Et lorsque la provocation tombe, oh, il s'attendait, Elias, à ce que tu réagisses d'une manière ou d'une autre
mais pas ainsi
Tu perds ton sang-froid, Jubilee, et te voir t'énerver ainsi l'amuse ─ toi qui le méprisait tant du haut de ton trône illusoire, voilà que tu étais bien obligé de t'abaisser à son niveau par quelques menaces que tu penses bien placées
De ses doigts, Elias vient innocemment effleurer la garde de la dague qui presque jamais ne le quitte, sans jamais te quitter des yeux
viens donc, Jubilee, je t'attend de pied ferme, même muet

▬ Voyons, Blackbird, je n'oserai point faire preuve d'orgueil face à la grande, puissante et belle réincarnation que vous êtes ! Ce serait fort regrettable que vous salissiez votre personne d'un sang impur, n'est-ce pas ?

Sarcasme s'écoulant en des mots en fiel corrosif, impertinence dans les paroles emplissant l'air et mise au défi dans le regard soudainement illuminé d'une lueur malsaine qu'on ne lui connaît que peu
Seras-tu seulement capable de mettre tes menace à exécution, Jubilee ?
Les doigts qui finalement se referment sur l'arme, comme si de rien n'était ─ son regard toujours dans le tiens
Essaie donc, très chère, mais je ne me laisserai pas faire
Elias secoue la tête à ta remarque,  soupire, même, légèrement agacé ─ mais de ta part, il avait bien l'habitude de telles bassesses ; mais il est vrai, que depuis cette rencontre, il n'avait pas réussi à la retrouver
(pas encore)

▬ Très chère, la traque nécessite des qualités que vous ne semblez manifestement pas posséder, comme... la patience et la discrétion ; léger sourire Vous feriez une très mauvaise traqueuse, vous savez.

Et sache, Jubilee, que ce n'est qu'une question de temps avant que j'atteigne enfin mon but

Que tu es horripilante, Jubilee ─ qu'on aimerait te faire taire à jamais, toi et ta voix insupportable, toi et ton arrogance sans limite
le beau piédestal d'or que tu t'es érigé et sur lequel tu pavanes comme on se vante d'être assis sur le trône royal, on le brisera dans les règles de l'art

▬ Je suis particulièrement honoré de savoir ma présence plus importante que celle de mes prédécesseurs, ironise-t-il à tes propos, ayant très bien compris l'insulte se cachant derrière

Mais lui ne te dira pas que ta présence était tout aussi désagréable que la sienne à tes yeux, estimant te l'ayant suffisamment fait comprendre
(ah, si vous n'étiez pas dans le même camp, si vous ne partagiez pas cette dévotion qu'il ne peut que te reconnaître, il t'aurait sûrement déjà écharpée)
Il ignore sciemment tes rires hautains et tes remarques pleines de fiel, lève simplement les yeux au ciel
(si seulement ta suffisance était dispensable, elle aussi)

▬ Je suppose que vous n'avez rien d'autre à me dire ?

Déjà lassé de cette conversation qui ne mène nul part, si ce n'est à des menaces stériles
(qu'il puisse ne pas te recroiser avant un moment)