CARACTÈRE

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l'accalmie est interdite à ses côtés : theodosius est un sauvageon qui hait le silence en son nom. acclamez-le ! criez son nom jusqu'à l'agonie, suivez-le, aimez-le, tendrement, terriblement... irrespectueusement même, theodosius en bon empereur de son peuple, se fiche bien de la façon, ce qui importe est le fond - ce qui le transcende est l'illusion du pouvoir, l'ivresse de l'adoration. theodosius est avide d'être le centre d'un système dont il serait le soleil - et toutes les intentions qu'on lui dédie le conforte dans cette idée grisante. dans sa propre chair, il s'est effacé, a écarté la teneur de ses sentiments, ne se rend plus vraiment compte qu'il est encore capable de pleurer et s'émouvoir. en incarnant, il s'est persuadé être devenu insensible, le pouvoir l'a gangréné d'une lumière artificiel aux allures des néons de sa ville, un territoire où il déambule comme un petit roi bien aimable, si bien qu'il n'est plus que le reflet doré de ce qu'il fut avant - un homme. il ne sert à rien de parler de son coeur, il l'a oublié. mais theodosius n'a pas disparu, il s'ignore ! voilà tout ! quelque part demeure l'humanité de sa jeunesse, pour l'instant endormie. mais les sommeils, à part dans les contes, ne sont jamais éternels.
le regard plongé sur le monde, infiniment grand entre ses paumes monstrueuses d'ambition, à ne voir que le reste, theodosius ne voit pas que son sang coule dans se veines mais n'est pas pathétique : il ne souffre d'aucune mélancolie.  «c'est depuis cette seconde que je t'ai aimé. je sais que les femmes t'ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant chéri. mais, crois-moi, personne ne t'a jamais aimé aussi fort - comme une esclave, comme un chien-, avec autant de dévouement que cet être que j'étais alors et que pour toi je suis toujours restée.» (lettre d'une inconnue, zweig)