CARACTÈRE

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ses larmes traîtres, accompagnées d'un geste de main leste le long de son visage, défigurent la figure angélique savamment préparée. le noir du mascara laisse une trainée granuleuse qui court jusqu'à ses racines blondes, dégueulassant ses tempes blanches tandis que le fard rose s'est évaporé et ne fait plus acte de présence sur ses paupières rougies à force d'être frottées.

toujours les femmes sont enlaidies par la tristesse.

coco déteste ces larmes. d'ailleurs coco ne veut plus le prestige de ce surnom quand elle se met à sangloter comme une enfant, secouée de grands soubresauts ridicules qui agitent ses épaules frêles. elle martèle en criant qu'il faut l'appeler nicole - nicole et rien que nicole, et que de toute manière il n'y a plus rien à voir, et qu'elle va s'enfermer et même qu'elle se tuera d'un poignard dramatiquement enfoncé dans son coeur car l'idée de ne plus être celle qui fait tourner les visages sur son passage lui est insupportable. il vaut mieux mourir d'un coup net et théâtral que faiblir à petit feu du venin de ces vipères qui la haïssent.
quand ces crises arrivent, affectée par les critiques à la manière qu'ont les adolescents de ne plus savoir discerner les injustices tant elles sont nombreuses, elle prend une grande inspiration, dénoue ses cheveux, frotte encore ses joues jusqu'à en sentir leur chaleur irradiante, reprend une seconde inspiration moins tremblante, et se rappelle d'à quel point elle se trouvait belle quand elle se voyait encore : elle se souvient des longs cheveux d'or, du bleu de ses yeux perçants, de la finesse de sa taille. elle lève ses deux mains fébriles pour les glisser sous son haut et tâtonne sa poitrine : pas assez grosse pour être vulgaire prétendait-elle jeune fille pour plaire aux garçons, enhardie par l'idée d'être une femme en tout point différente. elle repense aux compliments du jour, se lève et marche jusqu'à ouvrir son armoire pour toucher tous ses vêtements et en apprécier la texture. ce rituel lui permet de conclure ces chagrins irraisonnables, car, il n'y a que les gens beaux qui sont aimés. entourés. chéris. et elle, n'est jamais seule ! il suffit qu'elle se pende à un bras pour le faire venir jusqu'à son lit. avant de choisir sa cible certainement, dans un rire troublant, elle se penche et demande si elle peut toucher la mâchoire et puis l'arc des sourcils. assez facilement, maîtresse dans cet art pénible de reconnaître au toucher la splendeur des gens, elle se fait une idée des proportions, du grain de peau, et se satisfait ou non de ce qu'elle devine sous sa pulpe : ainsi décide-t-elle si la personne éclaire assez les environs pour être à ses côtés, assez gentiment pour que personne ne doute de la nécessité souffrante de son coeur d'être aimée.

 
— née dans une famille américaine aisée chrétienne, cadette parmi un frère et une soeur, du genre de familles avec un gros chien et un drapeau américain sur la devanture de leur maison.
— fait de la danse, du chant, gagne plusieurs concours de mini-miss, ses résultats sont moyens mais passables et c'est bien ce qu'il suffit.
— elle se démarque très vite à l'école, dans les camps des bullies plutôt que dans celui de ceux qu'ils se font bully. profite des injustices de ce monde, obsédée par sa popularité, posséder les derniers vêtements à la marque...
— ses parents lui donnent tout mais lui mettent une pression de réussite sociale plus que scolaire. elle rentre dans les cheerleaders et nourrit beaucoup les histoires de rivalité féminine au sein de son cercle de connaissances assez large
— en prenant pour acquis sa popularité, elle est prise de court par la multiplication de candidatures pour être reine du lycée, qu'elles tentent de ruiner. en voyant que la chose est vaine et que la compétition est rude, quelque chose se débloque en elle jusqu'à imaginer qu'elle puisse tuer des personnes de manière non-préméditée
— par culpabilité elle finira par se suicider, persuadée qu'elle finira par se faire tuer par la police ou bien enfermée.